Cinq pierres. Une suite de contes
La nouvelle suivante se déroule à l'intérieur du Mur de Palestine occupée. Des drones, envoyés par les colons israéliens pour surveiller le territoire, bourdonnent au-dessus de nos têtes. Asad, un vieil âne, en abat un à la catapulte. Des faucons capturent ces machines volantes et les retiennent en otage, tandis que des gazelles sauteuses tombent amoureuses avec défi, au-delà de l'ombre du Mur. « Five Rocks: A Collection of Tales » a été commandé en collaboration avec Wiels pour leur publication Réalisme magique : Imaginer la nature en dés/ordre (2025).
1.
Le drone ne savait pas qu’il était un drone. Personne ne le lui avait dit. Personne ne lui avait expliqué que ses petites hélices bourdonnantes n’étaient pas des ailes et que scanner à l’infini les collines et les visages, ce n’était pas une vie. Pour personne. Mais s’il avait été capable de penser – et parfois il en avait l’impression – il se serait considéré comme quelque chose d’unique.
Ce drone n’était pas n’importe quel drone. C’était un drone d’essai. Il n’avait pas encore été promu à la pulvérisation des engrais chimiques ou des pesticides, à la surveillance de l’hydratation des sols, ni à rien de ce genre. Alors, au lieu de cela, il survolait les collines en terrasses, harcelant les gens d’une voix quasi humaine pour obtenir leurs numéros d’identification et scanner leurs iris, les traquant constamment, leur demandant sans cesse de quitter les lieux. Lorsqu’il se montrait réellement ambitieux, il scrutait le sol à la recherche du moindre mouvement, au cas où quelque chose oserait repousser. Il ne se sentait pas réellement important, mais il était efficace, ce qui, dans son domaine, revenait pratiquement au même.
Le drone d’essai, survolant le Mur, s’est dirigé vers une zone plane et desséchée. Elle était stérile depuis des années. Rien n’y poussait, à l’exception de petits arbustes obstinés, qui ne se résolvaient pas à lâcher prise. Les opérateurs du drone appelaient ça la « gestion de la zone tampon », une manière élégante de dire qu’ils refusaient que quelqu’un ou quelque chose n’y prenne trop ses aises, à moins qu’il ne s’agisse de soldats à la gâchette facile, placés en des lieux stratégiques.
Tout en haut, Fathi, un lézard bleu, observait la scène. C’était un petit être malingre, à qui il manquait un orteil à la patte antérieure gauche, et personne ne lui avait jamais demandé comment il l’avait perdu. Il passait ses journées à prendre le soleil sur un figuier solitaire, l’une des rares choses vivantes subsistant dans la zone. Fathi était là depuis suffisamment longtemps pour se souvenir de l’apparence de la terre avant tous ces événements. Il regrettait l’odeur de l’herbe et le craquement des feuilles sous la dent, mais ce qui lui manquait surtout, c’étaient les insectes. Les insectes étaient savoureux. Les insectes avaient désormais disparu.
Le drone est descendu, son cerveau mécanique bouillonnant de calculs. « Scan terminé », annonça-t-il sans s’adresser à quelqu’un en particulier. « Aucune végétation non autorisée détectée ». Du haut de son arbre, Fathi le regarda en plissant les yeux, mâchouillant une herbe sèche.
En cet instant précis, le drone s’approcha à l’excès d’une branche et l’instinct de survie de Fathi se réveilla. Il se précipita à l’extrémité de la branche et agita brusquement la queue, faisant tomber un caillou de la taille d’une noix. Il rebondit sur une autre branche et frappa le drone pile sur sa caméra d’un noir brillant. Un caillou en plein visage.
Le drone se mit à tourner tristement en rond. Ses hélices crachotèrent. Pendant un bref instant, il sembla pouvoir se rétablir. Mais il bascula sur le côté, plongeant avec un bruit sourd dans les chardons desséchés.
De l’autre côté du Mur, un de ses frères drones continuait à bourdonner, pulvérisant de l’engrais sur des cultures d’exportation, ignorant la présence de son semblable, écrasé au sol. Fathi, lui, s’en fichait éperdument. Il battit de la queue et ferma les yeux, laissant le soleil imprégner de sa chaleur ses écailles bleues.
2.
C’était un jour de printemps, un vendredi, à midi, et l’enfer allait bientôt se déchaîner à Kafr Ghneim. Le soleil brillait sur les collines rocheuses en terrasses, à la périphérie du village ; les chèvres broutaient et se tenaient tranquilles pour une fois, leurs corps efflanqués éparpillés dans les collines, à l’ombre du Mur. L’air était chargé des sons habituels de la vie pastorale : bêlements, glissements de la pierraille sous les pas et un lointain écho d’Oum Kalthoum chantant La patience a ses limites – le haut-parleur de la mosquée captait parfois une radio pirate.
Et puis, un petit salopard vrombissant et bourdonnant surgit de l’autre côté du mur, planant au-dessus d’eux et gâchant le ciel. « La hawla wala quwwata illa billah » (« Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah »). Abu Khalil n’avait pas besoin de lever les yeux pour savoir qu’il venait d’un groupe de colons cachés au sommet de la colline, de l’autre côté de la vallée. Le drone volait bas, projetant son ombre sur le troupeau qui, effrayé, se dispersa. Une double ombre.
Asad, l’âne d’Abu Khalil – dont le nom signifie « le lion » – était attaché à un caroubier. Il mâchouillait paresseusement les lanières d’une vieille fronde en cuir. Abu Khalil l’avait accrochée là pour la mettre hors de portée des chèvres. Le drone se rapprocha, avec un vrombissement suffisamment fort pour qu’Asad, habituellement indolent, s’en irrite. Dans un accès de colère, il projeta d’un coup de sabot un caillou sur la fronde et, d’un coup de dents et de tête, tira puissamment sur les lanières. Le caillou dessina un arc parfait dans les airs, comme guidé par une force céleste, et percuta le drone avec un bruit sourd. Des étincelles jaillirent et le drone s’écrasa à quelques pas, dans un buisson d’épineux. Les chèvres retournèrent paître, plus prudemment cette fois.
Abu Khalil repéra une jeep militaire qui avait commencé à se diriger vers eux. Il dit alors à Asad : « Si quelqu’un pose la question, tu lui réponds que c’est toi qui as fait ça. Je suis trop vieux pour ces conneries ».
3.
Pour une gazelle, l’amour est un impératif biologique. Il te traverse les synapses et pompe dans les quatre cavités de ton cœur, tout en faisant danser tes sabots comme des rayons de soleil sur un champ de blé. C’était ça pour moi, Noura. Au-delà du Mur.
Le Mur est un serpent aux écailles en lames de rasoir, qui grandit et va où bon lui semble. Il dévore les chemins, les grottes, les familles et les vallées. Des couches de fils barbelés déroulent leurs spirales à ses abords. Et à ses pieds, une tranchée de quatre mètres de large et quatre mètres de profondeur. De l’autre côté de cette saignée, un chemin de ronde sentant les pneus de jeep. De notre côté, une route sablonneuse emmagasinant nos pas. Pour les créatures comme moi, le Mur ronge les fils invisibles qui gardent le monde en vie : le flux génétique, les routes migratoires et la danse délicate du prédateur et de la proie. Même les oiseaux l’évitent. Depuis sa construction, il ne reste pas grand-chose du côté où je vis, sinon une enveloppe fragile, surpâturée et épuisée, parsemée de buissons d’épineux.
Au-delà du Mur, le monde de Salah est une plaine ouverte d’oliviers, de bosquets éclairés par la lune, de pentes recouvertes de thym et de sources jaillissantes scintillant au soleil. L’horizon est grand ouvert. Du moins, il le prétend.
Notre amour ? Il s’est développé dans l’étroite zone de chevauchement, lorsque les drones étaient distraits et les soldats fatigués. Notre niche. Notre écotone. Tout a commencé par une odeur : des composés organiques volatils libérés par ses sécrétions glandulaires transportés par le vent du nord. Un message chimique qui a contourné mon cerveau pour activer mon système limbique. Mon rythme cardiaque s’est accéléré. J’ai senti des papillons dans le rumen. Je le savais instinctivement : il ne s’agissait nullement de phéromones que je pouvais ignorer. J’ai suivi l’odeur jusqu’au Mur, et c’est alors que quelque chose d’inhabituel m’est apparu : une ouverture de la largeur de mes flancs, au niveau du sol, cachée derrière un buisson.
Je m’approchai prudemment, mes sabots crissant sur les gravillons. L’air proche de l’ouverture était vif et musqué. Je baissai la tête pour le humer. L’ouverture était juste assez large pour m’y faufiler et ressortir de l’autre côté. Et c’est là que je l’ai vu pour la première fois.
Le soleil faisait miroiter sa rayure dorsale, un contraste audacieux de fauve et de blanc. Mon rythme cardiaque s’est accéléré – une réaction physiologique me préparant à la fuite ou à l’étreinte. J’ai choisi la deuxième option.
- « Tu sautes bien », ai-je dit, en essayant de paraître indifférente.
- « Tu es... symétrique », a-t-il répondu.
Il aurait tout aussi bien pu me demander en mariage.
Nous avons plongé dans une étendue de fleurs sauvages, que l’ombre du Mur n’atteignait pas tout à fait. Nous avons virevolté et sauté, nos sabots en kératine effleurant à peine le sol. Le frisson de ce saut dans l’inconnu a comblé les fissures creusées dans mon cœur par des années d’isolement.
Au loin, un petit troupeau de gazelles est apparu, leurs bonds hauts et sauvages dessinant des arcs gracieux. Le genre de grâce qui vous donne l’impression d’avoir tout foiré dans la vie. Bien entendu, nous avons décidé de les rejoindre. Leur seule vue nous a poussés vers l’avant, instinctivement. Le soleil nous réchauffait les flancs, le vent frôlant nos fourrures. Puis, un claquement s’est fait entendre. En nous retournant, nous l’avons vu gisant là : un corps métallique ailé, froissé et brisé sur le sol, ses lumières rouges clignotant pathétiquement comme pour dire : « Sérieusement ? Parmi tous les endroits possibles, c’est ici que vous avez choisi de sauter ? ». Pendant un instant, nous l’avons fixé, ne sachant que penser de cette misérable chose brisée. À l’horizon, le troupeau s’effaçait déjà. Sans un autre regard, nous avons galopé, pour rattraper les autres. Le vent sifflait à nos oreilles, l’horizon semblait infini et la machine gisait oubliée, avalée par la poussière.
4.
Un artiste reçoit une nouvelle commande. Une occasion à saisir, du genre à décider d’une carrière, du moins c’est ce qu’il pense. Concentré et déterminé, il taille une sculpture en pierre sur la place du village. En plein travail, un éclat se détache, fusant dans les airs. L’artiste, absorbé par la tâche dont il attend le salut, n’y prête pas attention.
Le fragment, fonçant vers l’azur, percute un drone en train de scanner la place. Le drone tourne furieusement sur lui-même, avant de s’écraser sur un amoncellement de tomates. Un vendeur s’écrie : « Ya khara, mes tomates ! » L’incident effraie des chats en pleine bagarre, qui se dispersent aussitôt, pour se rassembler quelques instants plus tard, comme si rien ne s’était passé.
Un policier s’avance, rajustant le holster de son arme. « Venez, » dit-il. « Allons prendre un café à la poste ».
5.
47 jours après l’arrivée des colons, Amal sauta du lit et partit en titubant dans la nuit, comme chaque soir depuis leur arrivée, pour effacer leurs méfaits : les puits empoisonnés, les jeunes arbres déracinés, le sel répandu sur le sol. Elle veillait sur son hakura, un petit lopin de terre – plus grand qu’un jardin, plus petit qu’un verger – où des herbes aromatiques poussaient sous le citronnier et des légumes à l’ombre des grenadiers et des pruniers. Le figuier, planté avant sa naissance, était le plus majestueux, avec ses branches s’étalant généreusement. Elle lui laissait toute la place pour respirer, alors même que son monde à elle se rétrécissait. Elle regarda la colonie sur la colline d’en face, propre et stupide, tel un pansement stérile sur une plaie purulente. Elle évoqua des mots susceptibles de la ramener à la réalité, de l’aider à s’accrocher à une certaine essence de la vie : marj, bayyara, karm, haql, beidar, bustan, juron. Sept mots dont elle se souvenait pour désigner la terre.
Malgré sa chevelure argentée, elle restait en forme et pleine de vitalité. Son visage et ses mains sculptés par le soleil. Sa taille représentait la même distance entre les racines de ses arbres et leurs branches. Autrefois, gagner sa vie signifiait être en mouvement. Désormais, elle était confinée sur une parcelle d’un demi-dunum, avec la gravité sur le dos et les pieds rivés au sol.
Leur arrivée avait coïncidé avec le départ des oiseaux. Au début, les matins étaient devenus silencieux. Et puis le vent de l’ouest avait apporté un nuage d’étranges oiseaux métalliques, gris aux yeux rouges. Un beau jour, au réveil, elle en avait découvert des dizaines, perchés sur un arbre. Elle avait appris à les ignorer pendant la journée et à travailler à la faveur de la nuit. Elle s’agenouillait sur le sol, balayait le sel qu’ils avaient répandu et plantait une poignée de graines à la lisière de son terrain, les enfonçant soigneusement, une par une. Ces graines, elle les avait conservées pendant des années, en prévision d’un moment comme celui-ci. Peu lui importait qu’elle les voie ou non pousser. Ce qui comptait, c’était qu’elles soient en terre.
Elle rentra chez elle aux premières lueurs de l’aube pour se préparer une tisane de verveine, afin d’apaiser ses nerfs. Elle remarqua deux pigeons perchés sur les lignes téléphoniques. Pour la première fois depuis longtemps, elle éprouva un regain d’énergie en ramassant du riz et un quignon de pain rassis.
Elle lança un bout de pain en l’air pour les pigeons. Les drones n’apprécièrent pas. Leurs yeux rouges clignotèrent de fureur. L’un d’eux s’éleva et saisit le morceau en plein vol. Amal attrapa une poignée de riz et la jeta aux oiseaux. Cette fois, les pigeons eurent leur part.
Le lendemain, les pigeons revinrent avec des amis. Et aussi le jour suivant. Au fil des semaines, d’autres oiseaux apparurent – des moineaux d’abord, puis des cigognes et des colibris. Enfin, une escouade de faucons arriva du sud. Malgré la douleur de son inflammation au coude contractée en lançant du riz et du pain à des volées d’oiseaux toujours plus nombreuses, nuit après nuit, des mois durant, Amal poursuivit ses rituels : réparer les dégâts dans son hakura, se préparer des tisanes et nourrir les oiseaux.
Un jour, elle entendit un cri aigu et vit un faucon, serres tendues, fondre sur un des drones, le coupant en deux comme s’il était en papier. Puis un autre faucon s’empara d’un des drones et l’emporta dans son nid.
Quinze mois et vingt drones capturés plus tard, les faucons réussirent à conclure un accord : les drones capturés en échange du retrait total des colons. Amal, savourant quelques figues dans son hakura, les regarda plier bagage.
Amal et les oiseaux vécurent heureux à tout jamais.
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